Si la lutte contre les termites ne nous intéresse pas tout particulièrement (en tant que diagnostiqueur), elle nous permet de mieux appréhender le mode de propagation des termites dans le bâtiment.
Nous verrons un peu plus tard que notre mode d’investigation pour rechercher les indices d’infestations de termites est étroitement lié à leurs modes de propagation.
Donc nous allons voir comment protéger notre bâtiment vis-à-vis des infestations de termites selon le guide technique et réglementaire de protection à l’interface sol/bati (source ministère de l’égalité des territoires et du logement/ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie).
1)Protection des points d’entrée et réglementation
Les mesures qui concernent la protection de la construction à l’interface sol/bâtiment visent exclusivement la zone limitée par l’assise de la construction.
C’est en effet à ce niveau que se trouvent les voies de pénétration les plus propices au cheminement des insectes (un espace de l’ordre du millimètre en diamètre est suffisant).
C’est la raison pour laquelle la réglementation prévoit la protection de l’assise (mise en oeuvre de barrières anti-termites manufacturées ou de matériaux résistant aux attaques des termites) ou, lorsque tout ou partie de cette assise n’est pas protégée, son contrôle (ces parties de l’assise constituent les dispositifs de construction contrôlable).
Les termites souterrains peuvent également investir un bâtiment en passant par des points d’entrée situés en périphérie externe de la construction, ou en utilisant des supports qui leur permettent d’entrer dans le bâtiment à partir de points situés au-dessus du sol (mur mitoyen, tas de bois stocké contre la construction…).
Ces voies de pénétration à l’intérieur du bâtiment ne sont pas visées par la réglementation.
Elles constituent dans la plupart des cas des situations où les insectes (ou leurs signes de présence tels que les cordonnets) sont visibles dès lors que les bonnes règles d’hygiène sont appliquées.
Quels sont les points d’entrée potentiels à partir de l’assise du bâtiment ?
Les termites sont des insectes capables de perforer de nombreux matériaux (bois, plastiques…), cependant ils sont incapables de percer des matériaux aussi durs que le béton, les blocs de maçonnerie ou le mortier.
Ainsi le cheminement des termites est à considérer vis-à-vis de toute cavité potentielle présentant un espace libre continu traversant depuis le sol vers l’intérieur du bâtiment dont l’ordre de grandeur est le millimètre. Ce cheminement est également à considérer au travers d’un matériau ne s’opposant pas durablement à son altération par l’action des termites.
DISCONTINUITÉS EN PÉRIPHÉRIE D’ASSISE
Des points de passage à l’interface de deux matériaux peuvent s’opérer à la jonction de matériaux différents laissant ainsi suffisamment d’espace pour le cheminement des termites depuis le sol vers l’intérieur du bâtiment.
PERCEMENTS ET RÉSERVATIONS
Les percements du plancher bas ou de la dalle, nécessaires pour le passage des fluides et des gaines électriques et autres fourreaux peuvent laisser un espace suffisant pour le cheminement des insectes entre les gaines ou les tuyaux et la paroi du plancher bas ou du dallage percé.
FISSURATIONS DU DALLAGE
Suivant la nature du béton et ses modalités de mise en oeuvre (notamment lorsque le DTU 13.3 n’est pas appliqué), des fissurations du dallage peuvent apparaître.
Lorsqu’elles sont traversantes, elles constituent alors une voie de passage pour les termites.
JOINTS DE DILATATION ET DE FRACTIONNEMENT
Ils peuvent constituer une zone sensible dans le plancher bas ou le dallage dans la mesure où ils sont réalisés avec un matériau facile à perforer par les termites.
JOINTS ENTRE MATÉRIAUX
Lorsque les joints entre les matériaux sont réalisés de façon incomplète, les espaces laissés libres sont autant de voies de passage permettant aux termites de cheminer depuis le sol vers l’intérieur du bâtiment.
SEUILS DE PORTE D’ENTRÉE ET PORTE-FENÊTRE
Dans le cas où les seuils de porte d’entrée et porte fenêtre ne peuvent être inspectés (isolation thermique par l’extérieur), ils peuvent constituer un point d’entrée dans le bâtiment pour les termites.
ISOLATION THERMIQUE PAR L’EXTÉRIEUR
Les termites peuvent facilement pénétrer à l’intérieur des isolants, constituant ainsi un point d’entrée dans le bâtiment si la paroi ou le plancher isolé ne constitue pas une barrière pour les termites.
2)La mise en oeuvre des dispositifs réglementaires
Les dispositifs de protection figurant dans l’arrêté du 27 juin 2006 modifié constituent un ensemble de mesures de prévention des risques d’infestation du bâtiment par les termites souterrains à partir de l’assise.
La protection entre le sol et le bâtiment contre l’action des termites est réalisée, au choix du maître d’ouvrage, par l’une ou l’association des solutions suivantes :
L’objectif du traitement préventif contre les termites à l’interface sol/bâtiment est de les contraindre à cheminer sur des zones où elles peuvent être détectées par une observation directe ou indirecte, avant qu’ils n’entrent dans le bâtiment. Cette observation doit pouvoir être réalisée dans des conditions normales d’intervention associant éventuellement le démontage d’éléments facilement amovibles (grille, caillebotis, …).
Les parties de l’interface sol/bâtiment qui ne peuvent être contrôlées par une observation directe ou indirecte, doivent être protégées de l’action des termites par la mise en oeuvre de dispositions s’opposant durablement au passage des termites depuis le sol vers l’intérieur du bâtiment : barrière physique et/ou physico-chimique (les matériaux de construction résistant aux attaques des termites sont considérés comme des barrières physiques non manufacturées).
Le(s) type(s) de dispositif(s) adopté(s) doit/doivent être indiqué(s) sur la notice technique à remettre au maître d’ouvrage par le constructeur au plus tard à la réception des travaux (cf article R.112-4 du code de la
construction et de l’habitation).
Ce sont des dispositifs qui utilisent des matériaux qui, de par leurs propriétés intrinsèques ou la manière dont ils sont associés, sont infranchissables par les termites. Ces barrières sont mises en oeuvre suivant les préconisations d’emploi du fabricant. Elles peuvent faire l’objet d’Avis Techniques délivrés par le CSTB1 et/ou de certifications délivrées par l’Institut FCBA2. Le descriptif de la barrière physique mise en oeuvre doit être joint à la notice technique à remettre au maître d’ouvrage.
Ce sont des dispositifs constitués de matériaux sur, ou dans lesquels, sont intégrés des produits biocides efficaces contre les termites. Certaines d’entre elles sont soumises à arrêté (arrêté du 21 octobre 2011 fixant les conditions d’utilisation de certains produits de lutte contre les termites comme produits mentionnés à l’article L. 522-1 du code de l’environnement) définissant les conditions d’application permettant de réduire de façon significative les impacts environnementaux liés à leur application. Les barrières physico-chimiques sont mises en oeuvre suivant les préconisations d’emploi du fabricant. Elles peuvent faire l’objet d’Avis Techniques délivrés par le CSTB (centre scientifique technique du bâtiment) et/ou de certifications délivrées par l’Institut FCBA (Institut Technologique Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement).
(Dispositif de construction faisant office de barrière anti-termites)
Ces barrières sont constituées par un dispositif de construction. Dans cette situation, les matériaux doivent être intrinsèquement résistants aux termites et leurs associations et mises en oeuvre doivent être telles qu’elles empêchent la création d’espaces suffisants (fissures, joints, …) ouverts et traversants qui pourraient constituer une voie d’accès aux termites.
Les ouvrages réputés s’opposant durablement au passage des termites sont :
En ce sens un seul rang de maçonnerie en blocs pleins avec remplissage vertical complet disposé en tête de soubassement directement sous plancher bas constitue une barrière physique.
Les maçonneries associant des blocs alvéolaires, quel que soit le mode de montage, avec ou sans remplissage des joints verticaux, présentent un risque trop important de cheminement des termites.
Les dispositifs de construction contrôlable
Rappel : ces dispositifs ne permettent pas seuls de satisfaire aux obligations réglementaires relatives à la protection des constructions neuves contre les attaques de termites dans les DOM. Ils doivent nécessairement être associés à une protection complète de l’interface sol-bâti par l’intermédiaire d’une barrière physique ou physico-chimique.
Le descriptif du dispositif de construction contrôlable mis en oeuvre, qu’il soit associé ou non à une barrière anti-termites (présence à la fois de zones contrôlables et de zones protégées par une barrière anti-termites), doit être joint à la notice technique à remettre au maître d’ouvrage, ainsi que les modalités de contrôles associées.
Caractérisation d’une assise contrôlable tout ou partie de l’assise est considérée comme contrôlable lorsque les caractéristiques suivantes sont respectées (caractéristiques du vide sanitaire) :
Traversées des ouvrages contribuant à la barrière anti-termites
(barrière physique non manufacturée)
La traversée des ouvrages de soubassement, planchers et dalles, pour le passage des fluides, des gaines électriques et autres fourreaux, est susceptible de laisser un espace suffisant pour le cheminement des insectes entre les gaines ou les tuyaux et la paroi du dallage percé. Lorsque la traversée concerne un ouvrage constituant la barrière anti-termites (barrière physique non manufacturée), elle doit donc être traitée par la mise en oeuvre d’une barrière manufacturée vis-à-vis du cheminement potentiel des termites.
Joints entre matériaux (retrait, dilatation ou isolement)
Lorsque les joints entre matériaux sont réalisés de façon incomplète, pour les zones contribuant directement à la barrière anti-termite du bâtiment, ils doivent être traités.
Isolation thermique par l’extérieur
Les isolants non protégés exposés à l’action des termites, tant aux niveaux des espaces de fixation à l’interface du gros-oeuvre, interstices entre panneaux d’isolation et au sein de l’isolant lui-même si sa constitution ne s’oppose au cheminement des termites, constituent un cheminement potentiel des termites qu’il faut considérer. En ce sens, les isolants mis en oeuvre directement à l’interface du sol ou exposés à l’agression des termites depuis le sol, doivent être soit résistants aux attaques de termites lorsque aucune barrière anti-termites n’a été mise en place (cette résistance peut être intrinsèque ou conférée par un dispositif de protection adaptée).
Ainsi, en présence d’un dispositif de construction faisant office de barrière physique, un isolant peut être directement mis en oeuvre à l’interface sol/bâti sans protection contre les attaques des termites.
Seuils de porte d’entrée et porte-fenêtre
Lorsque la zone d’inspection n’est pas rendue possible (notamment dans le cas de la mise en oeuvre d’une isolation thermique par l’extérieur), des dispositifs destinés à assurer la continuité de la barrière anti-termite doivent être mis en oeuvre au niveau des seuils de porte d’entrée et porte-fenêtre.
PHOTOS BARRIÈRES PHYSIQUES
Thermifilm sur dalle béton / avant fondation
Les divers traitements curatifs
Il y a le piège-appât, traitement existant depuis plus de 20 ans, qui va permettre de lutter contre les termites grâce à la mise en place de pièges-appâts autour du bâtiment attaqué et sur les traces de passage des termites, afin de se connecter à la colonie et de l’intoxiquer.
La barrière chimique est un traitement curatif qui a plus de 50 ans d’existence et qui va consister à injecter des produits biocides sur différentes zones. Cette technique est de plus en plus contrôlée en fonction de l’évolution de la réglementation
Traitement curatif
Traitement curatif par piège
Traitement curatif par piège-appât
L’OBJECTIF VISÉ EST L’ÉLIMINATION DES POPULATIONS DE TERMITE SUR LA ZONE DE LUTTE RÉFÉRENCÉE
Les prescriptions techniques suivantes doivent être respectées :
Le dispositif sol est installé linéairement autour du bâtiment ; la densité de stations est de 3 pour 10 mètres linéaires. Le dispositif hors-sol est installé directement sur les zones d’activité de termites.
Phase de connexion :
Deux visites minimums doivent être réalisées dans les 6 premiers mois. La connexion doit intervenir dans un délai de six mois après l’installation.
Phase d’intoxication :
Le rythme des visites est fonction de la vitesse de consommation de la formulation dans les stations ; elles sont espacées au maximum de 3 mois.
Constat d’élimination :
Ce constat est fait après un arrêt d’activité pendant 3 mois et un minimum de 2 visites. Il doit se faire dans les 18 mois à l’intérieur du bâti suivant la date de connexion.
Le site est suivi au minimum 2 fois par an. Le contrôle complet du bâti est réalisé au moins une fois par an.
Traitement curatif par barrière chimique
➢ Niveau N-1 :
➢ Niveau RDV :
➢ Niveaux infestés autres que RDC :
Les cloisons creuses sont traitées par une barrière basse tous les 40 cm jusqu’au rez-de-chaussée et les murs doublés par barrière haute tous les 50 cm
Traitement curatif par injection dans les murs
Perçage des murs
injection traitement anti-termite
➢ Planchers et charpente aux niveaux infestés :
➢ Planchers et charpente au niveau supérieur à l’infestation sur les mitoyennetés :
➢ Linteaux :
A chaque niveau infesté, toutes les huisseries sont traitées par des injections basses, puis des injections dans les montants tous les mètres (dont une débouchant dans chaque montant en haut) et des injections pleins bois en traverses hautes tous les 50 cm.
Les plinthes et boiseries reçoivent une application de surface des faces cachées soit par décollement, soit par forage tous les 33 cm (tous les 50 cm pour les boiseries).
IMPORTANT
En présence d’indices de traitements curatifs, l’opérateur de diagnostic devra le préciser sur son rapport afin d’en informer les futurs acquéreurs