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V – LES AGENTS DE DEGRADATIONS BIOLOGIQUES

V – LES AGENTS DE DEGRADATIONS BIOLOGIQUES

    • les champignons
    • les insectes à larves xylophages
    • les insectes nidificateurs
    • les termites

1)Les champignons

Il existe deux grandes familles :

Ils ne détruisent pas le bois, les dégâts sont d’ordres esthétique.

Ils dégradent le bois, les dégâts sont d’ordres structurels parfois graves.

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Dépréciation esthétique : discoloration du bois

  • Moisissures : discoloration superficielle
      • penicillium
      • aspergillus
  • Bleuissement : discoloration profonde
      • grumes
      • sciage
      • bois mis en œuvre réhumidifié

LES MOISISSURES :

L’aspect esthétique est uniquement concerné, en effet les propriétés mécaniques du bois ne sont pas altérées. 

Ce champignon se nourrit grâce au réserve nutritive du bois (amidon).

Il s’attaque aussi bien aux résineux qu’aux feuillus clairs (peuplier, hêtre..).

BLEUISSEMENT :

L’aspect esthétique est uniquement concerné, en effet les propriétés mécaniques du bois ne sont pas altérées. Ce champignon se nourrit grâce au réserve nutritive du bois (amidon).

Il s’attaque aussi bien aux résineux qu’aux feuillus.

Le bois se colore de gris clair à bleu.

Les champignons lignivores vont faire 3 types de dégradations :

      1. Pourriture cubique (dont la MÉRULE)
      2. Pourriture fibreuse
      3. Pourriture molle

1 . Pourriture cubique (dont la MÉRULE)

  • Dégradation : cellulose
  • Aspect : fissures du bois en formes de petits cubes, brunissement du bois (le bois devient brun)
  • Humidité : de 22% à 40%
  • Bois attaqués : résineux, parfois les feuillus
  • Quelques noms : la Mérule, le Coniophiore des Caves, Le lenzite des poutres, le gloeophyllum trabeum

2. Pourriture fibreuse

  • Dégradation : cellulose + lignine
  • Aspect : le bois se détache en fibrilles des fibres de couleur très claire
  • Humidité : > 40%
  • Bois attaqués : principalement sur les feuillus
  • Quelques noms : le polypore des Caves, Le pycnoporus, le collybia

3. Pourriture molle

  • Dégradation : cellulose
  • Aspect : bois spongieux
  • Humidité : > 50%
  • Bois attaqués : résineux et feuillus
  • Quelques noms : Chaetomium globosum

FOCUS SUR LA MÉRULE : LE PLUS DÉVASTATEUR

Encore peu connue du grand public, la mérule est le champignon lignivore le plus nocif et destructeur pour nos habitations.

On la trouve dans de nombreux départements (50 départements en France) et plus particulièrement en Bretagne, Normandie et dans le Nord, où elle fait des ravages pouvant entrainer des couts considérables pour les propriétaires.

C’est pour cette raison que le législateur impose via un arrêté préfectoral, dans certains départements un diagnostic spécifique appelé diagnostic mérules.

En milieu naturel, les champignons lignivores telle la mérule, participent à la régulation de l’équilibre naturel en éliminant les bois morts. 

Malheureusement lorsque ces champignons s’invitent dans les bâtiments et qu’ils décident de s’en prendre au bois mis en œuvre, cela peut engendrer des conséquences parfois irréversibles, d’où l’intérêt d’agir très vite en cas de doute.

Pour se développer, la mérule doit bénéficier de conditions particulières à savoir :

      • Un taux moyen d’humidité du bois compris entre 22% et 35%. Au-delà de 40%, elle ne peut plus se développer.
      • Une température optimale comprise entre 20 et 26°C.
      • Une atmosphère globalement confinée, obscure, la mérule a besoin de peu d’oxygène.

La mérule se développe dans l’obscurité, derrière les plinthes, les plafonds, sous les revêtements de sols. Cachée de la sorte, on ne constate sa présence que lorsque le bois détérioré est totalement dégradé.

Elle attaque la cellulose des éléments qu’elle affaiblit, sans toutefois toucher à la lignine (partie composant le bois).

En outre, si elle ne trouve plus les conditions nécessaires à sa croissance, elle peut parfois rester à l’état de latence et pourra recommencer à s’étendre lorsque les conditions seront à nouveau présentes. 

De là la nécessité de ne pas négliger une attaque de mérule, surtout ancienne.

Le développement de la mérule se déroule en deux phases :

Durant cette phase elle s’étend petit à petit, mais assez rapidement malgré tout, car elle peut grandir de 4mm par jour voire jusqu’à 12 cm par semaine.

Sa forme est arrondie blanchâtre, plutôt cotonneuse et l’épaisseur se situe entre 5 et 50mm.Pour s’amplifier, la mérule fait croître des filaments fins dénommés rhizomorphes. En premier lieu ils sont blancs et plutôt mous, ils deviennent par la suite rigides et changent de couleur partant du jaune, en passant par le gris, le roux, pour terminer noir. Ces cordons assurent le développement du champignon par le transport d’eau et de substances nutritives nécessaires à sa survie et à sa croissance.

Grâce à l’eau ainsi conduite, la mérule poursuit son offensive sur le bois et le dévore petit à petit. Les rhizomorphes forment un réseau très ramifié (les ramifications s’appellent hyphes) peuvent mesurer jusqu’à 10 mètres et sont capables de traverser les maçonneries.

C’est ce mécanisme qui lui permet de se développer sur de larges surfaces, comme de la maçonnerie dont elle ne peut se nourrir. La mérule se nourrit via son mycélium, qui a une double action : sécrétion et absorption. Il sécrète des enzymes qui dégradent le bois et absorbe les éléments utiles à sa survie.

Bien que la lumière inhibe sa croissance, elle active aussi sa sporulation. Elle produit alors des spores qui se dispersent dans l’air et partent à la conquête d’autres surfaces.

On peut apercevoir une poussière rougeâtre traduisant la présence de ces spores qui se déposera sur les surfaces environnantes. Son aspect se modifie également, elle devient plus consistante et prend une couleur plus brune, rouille avec des bords blancs.

On dénomme cette phase « fructification » et le mycélium s’enrichit d’un carpophore autrement appelé sporophore, partie qui libère les spores.

Une spore se dépose sur une surface favorable à son développement, elle germe et engendre des filaments (hyphes) qui se développent sur la surface (mycélium). Alors la mérule peut continuer son travail de dégradation du bois tout en poursuivant son cycle de reproduction.

Comment identifier la mérule ?

Le développement du mycélium primaire de la Mérule, se fait sous forme de filaments cotonneux, ayant l’aspect de la ouate, blanc aux extrémités, devenant progressivement jaune, jaune orangé, rouille à brunâtre…pour former le sporophore reproducteur.

Attention :

D’autres champignons comme le coniophore des caves peuvent ressembler à la mérule, l’envoi d’un échantillon en laboratoire peut parfois être nécessaire

La mérule ressemble à du coton épais et blanc, ou encore à une toile d’araignée qui tirera sur les gris. On peut voir des filaments gris argentés dont le diamètre est d’environ 6 à 8 mm et dont la longueur peut atteindre plusieurs mètres. Ces filaments pénètrent dans le bois et ont la capacité de passer à travers la maçonnerie. Lorsqu’ils sont secs, ces filaments sont cassants.

Si la mérule est déjà en phase de fructification, vous observerez un champignon plutôt dans les tons rouge brun, avec des spores rouges, dont l’ensemble est plutôt arrondi, mou, visqueux et en moyenne d’une épaisseur de un à deux centimètres. Les bords sont blancs.

Enfin, vous devriez sentir une forte odeur de champignon, autre signe alarmant.

DIVERSES PHOTOS DE MÉRULES

2)Les insectes à larves xylophages

Insectes causant des désordres structurels dans le bâtiment (les plus rencontrés) :

      • HYLOTRUPES BAJULUS (Capricornes des maisons)
      • HESPEROPHANES (Capricornes des chênes)
      • ANOBIUM PUNCTATUM (Petites vrillettes)
      • XESTOBIUM RUFOVILLOSUM (Grosses vrillettes)
      • LYCTUS
      • CHARANCONS DU BOIS

HYLOTRUPES BAJULUS (Capricornes des maisons)

Bois attaqué : résineux (bois sec)

Trous de sortie : 6 à 11 mm de forme ovale

Galeries : elles sont ramifiées et l’on peut y voir parfois des traces de mandibules laissées sur les parois (stries)

Vermoulures : compressé, granuleuse (forme de petits tonnelets), de couleur jaune clair

Tailles (insecte parfait) : de 10 à 20mm

Couleur (insecte parfait) : corps noir longues antennes

Cycle de développement : Les adultes sortent du bois de mi-juin à fin août. Ils vivent de 15 à 30 jours et ne se nourrissent pas. Après l’accouplement, la femelle dépose entre 40 et 100 oeufs dans les fentes du bois.

Le cycle larvaire dure de 3 à 5 ans en moyenne. Les galeries creusées par les larves sont ovales et striées par leurs coups de mandibules. Les trous de sortie des adultes à la surface du bois sont de forme ovale, d’environ 10 mm de long.

HESPEROPHANES (Capricornes des chênes)

Bois attaqué : feuillus (aubier)

Trous de sortie : 8 à 11 mm de forme ovale

Galeries : elles sont ramifiées et l’on peut y voir parfois des traces de mandibules laissées sur les parois (stries).

Vermoulures : granuleuse (forme de petits tonnelets)

Tailles (insecte parfait) : de 13 à 25mm

Couleur (insecte parfait) : corps brun rouge

Cycle de développement : Les adultes sortent du bois de mai à fin août. Ils vivent de 15 à 30 jours et ne se nourrissent pas. Le cycle larvaire est généralement plus court que pour le capricorne des maisons (2 ans ou plus). Les bois dégradés ont le même aspect que pour ce dernier, mais les galeries sont plus grandes et les trous de sortie plus nombreux.

Photos de HESPEROPHANES (Capricornes des chênes)

ANOBIUM PUNCTATUM (Petite vrillette)

Bois attaqué : feuillus ou résineux (favorisé si altéré par un champignon)

Trous de sortie : 1 à 2 mm de forme circulaire

Galeries : circulaire sans orientation particulière

Vermoulures : fine, granuleuse, forme de gouttes d’eau ou « citron »

Tailles (insecte parfait) : de 2,5 à 6mm

Couleur (insecte parfait) : brun foncé

Cycle de développement : Les adultes sortent du bois de mi-mai à fin août. Ils vivent de 15 à 30 jours et ne se nourrissent pas. Après l’accouplement, la femelle dépose 20 à 40 oeufs dans les fentes du bois. Le cycle larvaire dure de 3 à 5 ans en moyenne. Les trous de sortie des adultes sont ronds, de 1 à 2 mm de diamètre.

Photos de ANOBIUM PUNCTATUM (Petite vrillette)

XESTOBIUM RUFOVILLOSUM (Grosse vrillette)

Bois attaqué : résineux et feuillus altéré par un champignon

Trous de sortie : 2 à 4 mm de forme circulaire

Galeries : circulaire sans orientation particulière, dans le sens des fibres du bois

Vermoulures : grossière, granuleuse, de forme lenticulaire de 0.5 à 1 mm

Tailles (insecte parfait) : de 5 à 7mm

Couleur (insecte parfait) : Brunâtre de forme trapu

Cycle de développement : Les adultes sortent du bois d’avril à mai et vivent 9 semaines.

Après l’accouplement, la femelle dépose une centaine d’oeufs dans les fentes et les rugosités du bois. Le cycle larvaire dure de 1 à 10 ans, dans un bois déjà infesté par des champignons de pourriture. Les galeries creusées par les larves sont rondes.

Photos de XESTOBIUM RUFOVILLOSUM (Grosse vrillette)

LYCTUS

Bois attaqué : Feuillus sains

Trous de sortie : 1 à 2 mm de forme circulaire

Galeries : circulaires, sinueuses, dans le sens des fibres du bois

Vermoulures : très fine (farine, talc)

Tailles (insecte parfait) : de 3 à 6mm

Couleur (insecte parfait) : Brun roux de forme élancée

Cycle de développement : Les adultes sortent du bois d’avril à septembre et vivent de 2 à 6 semaines. Après l’accouplement, la femelle dépose des oeufs dans les vaisseaux du bois. Le cycle larvaire dure de 6 à 12 mois en moyenne. Les galeries creusées par les larves sont rondes, parallèles au fil du bois.

Photos de LYCTUS

CHARANCONS DU BOIS

Bois attaqué : Feuillus + Résineux (uniquement en présence d’un champignon)

Trous de sortie : irréguliers de 1.5 à 2mm

Galeries : forme ovales et parallèles au fil du bois

Vermoulures : très fine

Tailles (insecte parfait) : de 2,5 à 6mm

Couleur (insecte parfait) : corps brun-roux, antennes courtes

Cycle de développement : Les adultes sortent du bois toute l’année et vivent jusqu’à 16 mois. Ils restent dans les galeries et continuent à creuser. Après l’accouplement, la femelle dépose entre 20 et 30 oeufs dans les fentes et les rugosités du bois. Le cycle larvaire dure 1 an en moyenne, dans un bois humide et infesté par des champignons de pourriture.

Photos de CHARANCONS DU BOIS

Comment identifier les insectes à larves xylophages ?

1- présence de trous de sorties

      • formes
      • taille

2 – qualité du bois et essence de bois

      • feuillus ou résineux
      • bois sain
      • bois pourri

3- présence de vermoulures

      • taille (granuleuse, fleur de farine)
      • forme
      • couleur

3)Les insectes nidificateurs

Ces insectes s’attaquent au bois pour y faire leurs nids et non pas pour se nourrir.

On va y retrouver :

      • Les fourmis
      • L’abeille charpentière

On en retrouve d’autres mais c’est plus rare.

LES FOURMIS

Les fourmis sont des insectes sociaux vivant en colonies (fourmilières). Ces colonies peuvent atteindre plusieurs millions d’individus.

Il existe de nombreuses espèces (+ de 18000) dans le monde.

Seules certaines espèces font leurs nids en creusant le bois.

Bois attaqué : Feuillus ou résineux

Galeries : parois lisses et propres, les galeries sont grandes en règle générale

Vermoulures : aucune, mais présence de débris et copeaux

FOURMI CAMPONOTUS

L’ABEILLE CHARPENTIÈRE (xylocope)

Bois attaqué : Feuillus ou résineux

Galeries : trous de gros diamètre (10 à 15 mm) pénétration profonde à l’intérieur du bois (jusqu’à 20 cm)

Vermoulures : aucune, mais présence de copeaux rejetés à l’extérieur de la galerie

Les termites souterrains et le bois :

Bois attaqué : Feuillus ou résineux

Trous : les rares trous trouvés sur les matériaux peuvent avoir plusieurs fonctions (aération de la galerie, voie de passage pour l’essaimage).

Galeries : à l’intérieur du bois on peut trouver un mélange collé sur la paroi, de salive de terre et d’excrément très plat(ciment), le bois aura un aspect « feuilleté ».

À l’extérieur des matériaux on trouvera des cordonnets (tunnel) bâties pour le déplacement des ouvriers et des soldats. Ils ont un aspect terreux et granuleux. On peut les trouver sous formes de stalactites voir de stalagmites.

Dégradations par des termites réticulitermes :

Dégradations par des termites réticulitermes :

La présence de Cryptotermes étant anecdotique sur notre territoire, nous allons nous consacrer au Kalotermes (appelé communément termite à cou jaune).

En métropole, nous trouverons le Kalotermes Flavicollis présent sur le pourtour Méditerranéen. Ils s’attaquent de préférence au bois sec (feuillus en milieu naturel).

On a pu constater quelques cas de dégradations sur bois mis en oeuvre, mais de façon anecdotique.

Chez les termites de bois sec, il n’y a pas d’ouvriers : ce sont les larves des derniers stades qui pourvoient aux besoins vitaux de la colonie.

Tous les individus sont sexués et ce sont les nymphes qui remplissent le rôle d’ouvrières. Il suffit de quelques individus pour fonder une nouvelle colonie, mais ces termites sont plus primitifs que les Reticulitermes et bien moins dangereux pour les habitations. Le termite à cou jaune Kalotermes Flavicollis est un termite du bois mort qui vit en petites colonies dans les souches et les branches des arbres mortes tombées au sol ou encore fixées sur l’arbre.

On les trouve aussi dans les ceps des vignes. Ce termite ne pose généralement pas de problème et il est rare de le rencontrer dans les maisons.

La termitière se trouve dans les souches. Contrairement aux termites souterrains, les termites de bois sec laissent des déjections dans les galeries (petites billes noires).

la présence de vermoulure en forme de grain de riz avec des faces convexes caractéristiques (appelées fèces) permet une identification facile sans confusion possible avec le termite souterrain du genre Réticulitermes qui ne produit pas de vermoulure mais des concrétions.